La luxation de l’épaule est un accident le plus souvent sportif, en particulier lors de la pratique du rugby. Le traumatisme survient souvent lors d’un armé (abduction du bras à 90° et rotation externe) contrée. Il s’agit d’un déboitement, dans 95% des cas en avant, de la tête de l’humérus de son logement au niveau de l’omoplate, appelée glène, dont la surface est augmentée par un fibro cartilage circulaire, le bourrelet. Lors de la luxation les ligaments situés en avant de l’articulation, et qui assurent en temps normal la stabilité de l’épaule, sont distendus ou arrachés, le plus souvent avec le bourrelet.
La luxation est très douloureuse. Des complications sont possibles (paralysie, fracture), mais restent rares.
La remise en place (réduction) peut se faire spontanément, mais le plus souvent il est nécessaire de «tirer» sur le bras, parfois sur le terrain, ou idéalement après avoir réalisé une radiographie et sous calmants.
Une fois la réduction réalisée, le but est d’obtenir une bonne cicatrisation des ligaments, afin qu’il n’y ait pas de récidives. Le risque de récidive, est d’autant plus grand que le sujet est jeune ( environ 1 cas sur 2 à 18 ans). Pour ce faire, une immobilisation suffisamment prolongée et accompagnée d’une rééducation spécifique est indispensable.
Lorsque malgré tout, la récidive survient, on parle de luxation récidivante. L’évolution se fait alors immanquablement vers la répétition des luxations pour des traumatismes de plus en plus faibles (parfois en se coiffant ou en dormant…). Au delà de 40 ans la fréquence des récidives est moindre mais des lésions associées de la coiffe sont fréquentes.
Une hyperlaxité ligamentaire constitutionnelle peut favoriser l’instabilité.
A part, les luxations volontaires où le patient produit la luxation à la demande. Le traitement chirurgical est alors déconseillé.
L’examen par le médecin permet d’apprécier l’état ligamentaire. Le bilan radiographique peut montrer des remaniements osseux au niveau de l’insertion des ligaments sur la glène (arrachement antéro-inférieur) ou un enfoncement de la tête humérale (hill sachs lésion ou encoche de Malgaigne).
En cas de doute, un scanner avec injection iodé dans l’articulation (arthroscanner) permet de visualiser de façon inconstante la lésion ligamentaire.
En cas de luxation récidivante, le traitement est exclusivement chirurgical et s’effectue généralement en ambulatoire (hospitalisation d’un jour):
– La réinsertion ligamentaire peut se faire par arthroscopie (sans ouvrir l’épaule). On parle de Bankart arthroscopique. Les cicatrices sont donc très réduites mais la réparation est plus fragile et les suites sont marquées par une immobilisation en écharpe d’un mois avant le début de la rééducation qui durera 3 mois, et par un taux d’échec d’environ 20%. Pour cette raison cette technique est déconseillée en cas de défect osseux sur la glène, de sport de contact, d’hyperlaxité.
– La technique « classique » (dite de Latarjet-Patte), choisie d’emblée ou en cas d’échec de la précédente, comporte une cicatrice cutanée sur le devant de l’épaule d’environ 6 cms, mais moins de 5% d’échec. Il s’agit de mettre en place devant l’articulation un petit greffon osseux («butée»), prélevé au niveau de l’omoplate, par la même incision, et fixé à l’aide d’une ou deux vis, de telle sorte qu’existe un véritable «barrage» à toute nouvelle luxation.Cette intervention nécessite le port d’une écharpe 15 jours et nuits, puis 1 mois supplémentaire la nuit. La rééducation est débutée dès le lendemain de l’intervention et va durer 3 mois, à l’issu desquels le sport est repris au même niveau qu’auparavant
Les complications restent rares dans les mains d’un chirurgien entraîné (difficultés transitoires à fléchir le coude, hématome, infections…).